Au coeur du vivant
Par
Valérie Belmokhtar

Jérémy Gobé est né en 1986 à Cambrai, et a étudié aux Beaux-Arts de Nancy, ainsi qu'aux Arts décoratifs de Paris, ville dans laquelle il vit et travaille aujourd'hui.
En 2017, il crée Corail Artefact, un projet innovant mêlant l'art, les sciences, l'industrie et l'éducation pour sauver les barrières de corail.
Il a remporté de très nombreux prix : le prix Planète Art solidaire décerné par la maison Ruinart et Art of Change, le prix Art sous la mer de la Fondation Jacques Rougerie, le prix Pierre-Cardin de l'Académie des beaux-arts, et le prix international Théophile-Legrand pour l'innovation textile. Il est également lauréat de la Fondation Bullukian à Lyon, du prix Pierre-Gautier-Delaye/ENSAD/Cité internationale des arts, et du prix du festival Ici et Demain, organisé à Paris.
Son travail est exposé en France, notamment à Paris, au palais de Tokyo et au Centquatre, et à Lyon, au sein de la Fondation Bullukian, mais également à l'étranger, au Bass Museum de Miami, au Hangzhou China Museum, ainsi qu'au Yuz Museum de Shanghai.
Jérémy Gobé est spontanément attiré par le dessin et le textile. Le dessin, car c'est le médium de la liberté, de l'enfance; le textile, car il lui évoque à la fois ses premières visites d'usines fermées, ses premières rencontres avec d'anciens employés, mais aussi le symbole de la maîtrise d'une technique, d'une évolution et d'un langage communs, à travers la transmission.
Quand l'artiste a l'idée d'une œuvre, le choix des médiums et des matériaux intervient en premier. Comment matérialiser cette idée avec les techniques, les moyens à sa disposition? Et comment les concilier avec ses valeurs : économie circulaire, redynamisation des ateliers et de l'industrie, cercle vertueux à la fois économique et écologique? Il nous dit préférer faire des compromis sur la réalisation, que celle-ci soit en deçà de son imagination, plutôt que d'aboutir à la création d'une œuvre non alignée avec ses valeurs.
Ses créations incitent d'emblée à retisser des liens avec le monde vivant: à partir de savoir-faire anciens qu'il se réapproprie, Jérémy Gobé nous propose une réflexion sur les solutions à même de répondre aux enjeux actuels.
Il analyse à différents niveaux le rapport qu'il entretient avec le vivant en tant que créateur. À un premier niveau formel, il observe le développement du vivant, ses logiques de déploiement, d'occupation de l'espace, ses motifs, dans tous les sens du terme. À un deuxième niveau, plus philosophique, il cherche ce que la nature nous dit, la vérité derrière son image; par exemple, sa géométrie. Et enfin, à un dernier niveau, il souhaite, à travers sa création, relier notre espèce au vivant dans son ensemble. S'inspirer de la nature pour l'intégrer et trouver une place dans ce cercle vertueux, comme il l'explique. Dans son art, les liens au monde vivant sont parfaitement conscients, et même recherchés. Aux yeux de l'artiste, une œuvre contemporaine ne prenant pas en compte les questions sociales et environnementales ne peut être qu'anachronique.