Histoires d'objets
Par
Stéphanie Pioda

​Au moment de s’approprier des objets détachés de leur fonction première (une table, un miroir,ou une porte...), Jérémy Gobé n’a pas de projet sculptural précis en tête. Il récupère simplement des matériaux auxquels il pense pouvoir redonner un nouveau sens en les transformant,en les recouvrant, et en les prenant comme point de départ d’une nouvelle histoire à inventer. La dimension sociale du travail de Jérémy Gobé est déterminante : des rencontres sont très souvent à l’origine du choix des objets, des matériaux, et des techniques. Le motif de la discussion et la nature de l’échange ont des incidences sur la production de l’oeuvre construite autour de la relation. [...]
L’excroissance sculptée sur l’objet prend une forme organique. Le spectateur n’a quasiment aucun indice pour comprendre le savant équilibre qui permet de la faire tenir. Fruit d’un laborieux et patient travail, la mise en forme du matériau s’inscrit dans une temporalité longue rythmée par des gestes répétitifs. Devenu sculpture,l’objet abandonné suscite de nouveau l’intérêt du regard, exerce un pouvoir d’attraction, et provoque des réactions. Le caractère utilitaire de chaque chose s’efface au profit de constructions sans début ni fin, échappant à toute définition technique, et dont on ne peut pas réélaborer mentalement la structure labyrinthique.