L'artiste et le vivant, l'Art au service de l'écologie
Par
Valérie Belmokhtar

Le rôle de l'éco-artiste pourrait donc être de réparer le vivant et de se placer du côté des écosystèmes plutôt que d'empirer la situation.
C'est absolument ce que fait l'artiste français Jérémy Gobé (né en 1986), qui imagine justement des créations pour sauver l'environnement de façon concrète. Il a créé Corail Artefact, un projet qui est devenu une vraie structure, financée par des mécènes et par ses propres activités artistiques et scientifiques, afin d'agir pour l'environnement et pour la sensibilisation du public aux causes environnementales.
Le travail de Jérémy Gobé s'apparente à celui d'un chercheur, et mêle clairement l'art et la science. La qualité biomimétique de la dentelle lui apparaît en effet un jour et il a l'idée de la mettre en relation avec les coraux, qu'il est justement en train d'étudier dans son art. Il souhaite créer un support de dentelle en coton, une matière biosourçable et bio- dégradable, qui serait capable de régénérer les coraux fragilisés.
Dans le même temps, Jérémy Gobé développe des structures en béton écologique, des outils d'aquariologie qu'il commercialise et/ou souhaite implanter à titre gracieux via le fonds de dotation Corail Artefact. Tout cela a pour but de faciliter la régénération des récifs coralliens.
Voilà un artiste qui est vraiment passé à l'action et dont le travail artis- tique initial a permis de découvrir des moyens concrets pour régéné- rer le corail. C'est un véritable éco-artiste dans tous les sens du terme, puisque son œuvre n'est plus fondée sur une création individualiste et un "objet" artistique à regarder, mais elle est tournée vers un acte fort qui permet de réparer la nature. C'est un processus qui montre un véri- table basculement de l'activité artistique vers un acte réparateur, peu observé jusque-là dans l'art.
Dans l'urgence climatique qui est la nôtre, Jérémy Gobé a bien compris qu'il y avait un intrêt à commencer dès maintenant à repenser l'art de demain.