Prière de toucher. Lauréat en 2011 du prix Bullukian, Jérémy Gobé regarde le monde comme il ne va pas. La délocalisation des usines, les savoir-faire qui se perdent et la maison qui brûle, voilà ses matériaux, dont il tisse une œuvre qui n'a rien de plombant. Influencé par une grand-mère couturière, il cherche à retrouver le geste de l'artisan. Ainsi se réapproprie-t-il des techniques oubliées ou désuètes, comme la dentelle ou la restauration des assises de siège. À partir d'une pierre, il fait l'histoire des matériaux et détourne les sangles des tapissiers. Ses œuvres textiles, en laine ou en feutre, habitent l'espace comme des plantes proliférantes. Inspirées de la nature, les formes organiques donnent un senti- ment de débordement. Elles expriment plus qu'un doute sur les choix de l'huma- nité, un élan de révolte. Jérémy Gobé travaille aussi des formes plus accessibles aux collectionneurs, qui appellent le toucher mais menacent toujours de sortir de leurs gonds, de s'émanciper du cadre. Son plus récent projet mêle très directe- ment ses deux préoccupations sociale et environnementale, jouant sur la gémel- lité des formes de la dentelle du Puy-en-Velay et du corail.

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