Sculpteur de la mémoire
Par
Cannelle Peulot

Vivre, écouter, ressentir pour Iaisser naitre une idée et la matérialiser. Voici I'oeuvre de Jérémy Gobé, cet artiste de trente ans qui se définit lui-même comme sculpteur. En effet, Jérémy modèle ses idées et à travers la laine, le tissu, le plâtre, Ie corail ou encore une image numérique, quelque chose envahit l'espace, s’impose et se révèle au spectateur. En tension sur un meuble ancien patiné par Ie temps, donné ou trouvé entre deux allées d'un dépôt Emmaus, une forme textile apparait, et révèle le caractère poétique de l’objet délaissé. Une chaise disparait et Charlie Chaplin façonne le vide en chorégraphe. Un motif jacquard Iaisse transparaitre les pans tragiques de l’histoire industrielle.
Jérémy découvre puis dévoile en conquérant l’espace par la matière. Son art est instinctif. "L’adaptabilité est le propre de l’artiste" dit-il, et c’est en artiste qu’il mène ses créations, des oeuvres polymorphes qu’il ne cesse de décliner. Au début, le corail est un fragment mort qui reprend vie, puis il naît de la main de l’homme à partir de formes géométriques, peut-être deviendra-t-il une sculpture vivante ? Il faudra vivre et l’expérimenter.
En effet, Jérémy évolue au sein d’un protocole : "ll y a dans la science beaucoup de créativité" confit-il, il est vrai que les expériences se succèdent dans son travail, tout comme les dessins qui, à la manière des formules mathématiques, permettent de saisir en un regard ses idées.
La création ne cesse jamais dans cette lutte permanente qu’il mène contre les automatismes. Les oeuvres voient le jour au sein de son atelier, avant de suivre leur propre cours, et de tisser des liens avec les personnes qui les croiseront dans d’autres lieux.​