SOS corail
Par
TELERAMA

L'artiste Jérémy Gobé, 37 ans, utilise lui aussi les coquilles d'huîtres. Avec ce matériau, il a contribué à l'invention d'un béton « bas carbone » fabriqué par une firme française. Le fruit d'une recherche sur la production de supports écologiques pour les coraux. Car en 2010, après un passage aux Beaux-Arts de Nancy et aux Arts déco à Paris, Jérémy Gobé s'est pris de passion pour la beauté du corail marin: « J'aurais aimé créer des formes aussi sublimes que celles-là. » Depuis, il se bat pour la sauvegarde de cet animal en péril. « Le corail est victime du réchauffement climatique, de la pollution, des déchets plastiques, des constructions portuaires, de la pêche à la dynamite ... » Certains récifs peuvent être régénérés, mais d'autres, détruits, doivent être recréés. Les coraux ont besoin en particulier de refuges où pondre leurs larves. C'est pourquoi Jérémy Gobé, à côté de son béton d'huître, a développé un « biopolymère ». « C'est exactement la même chose qu'un plastique, sauf qu'il n'y a pas de pétrole. » D'habitude, on emploie de l'amidon végétal, mais cette fois, le procédé est à base de bactéries. « J'ai obtenu une matière 100 % made in France et 100 % biodégradable. Elle est même bio-assimilable : en se dégradant, elle va nourrir le milieu. » La composition est secrète. Un brevet a été déposé, et des tests ont commencé en Guadeloupe. Le créateur-inventeur a même lancé sa marque, Corail Artefact. li cherche à vivre de ses recherches en commercialisant de petits supports pour élever du corail en aquarium. lis sont fabriqués sur des imprimantes 3D. Jérémy Gobé assume son côté entrepreneur. li refuse le statut de l'artiste « albatros à la Baudelaire» qui se contente de dénoncer sans agir. «Si mon travail ne participait pas au combat collectif pour la planète, il ne serait que l'expression d'un égocentrisme. »